culture-Châlons - Épernay-Interview - Jérôme CommandeurPublié le 28 janvierActeur et désormais réalisateur, Jérôme Commandeur vient présenter, jeudi, à Châlons et à Épernay, son dernier film, « Irréductible », tout récent vainqueur du Grand prix du Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez. Rencontre avec un drôle de zèbre.À 45 ans, Jérôme Commandeur vient de réaliser son second film. (© SND)Vous venez présenter votre dernier film, « Irréductible », à Châlons et Épernay, comment vous sentez-vous ?Ça me plaît énormément de venir à la rencontre du public, car il y a un vrai parallèle avec le fait de monter sur scène. C’est un peu comme du cinéma à l’ancienne. Dans les années 1950, quand on allait voir un film, on avait les actualités, puis un Monsieur Loyal qui annonçait un spectacle de cirque, des jongleurs… Bon, je ne vais pas vendre du rêve aux gens, il n’y a pas tout ça quand je viens (rires), mais parler aux gens avant le film, c’est une forme de spectacle vivant que j’apprécie. On est ensemble, on entend les rires, les « oh ! », les « ah ! » des spectateurs… C’est un peu le sens de ma vie.Justement, comment êtes-vous de devenu comédien alors qu'étant jeune, vous vouliez être commandant de bord ?Comment suis-je tombé si bas vous voulez dire (rires) ? C’est vrai que c’était très flou, au début, quand j’ai dit que je voulais être comique. Alors j’ai démarré en faisant des petits canulars dans des radios de province et puis, l’été, j’étais standardiste à RTL et j’annonçais l’info trafic aux auditeurs. J’ai commencé par ce qui était à ma portée, c’est-à-dire pas grand-chose. En spectacle, c’est pareil, j’ai débuté en mettant 20 ou 30 chaises sur une petite scène qui n’en était même pas une, au coin d’une rue… Et puis, j’ai franchi les étapes petit à petit. Mais c’est sûr que quand j’ai dit à mes parents, à 20 ans, que je voulais faire l’Olympia, ç'a jeté un froid… Que raconte votre film, « Irréductible » ?Je joue Vincent Peltier, un fonctionnaire des Eaux et forêts de Limoges qui subit une réforme venue de tout en haut, qui vient réorganiser les services, comme on dit. En gros, c’est dehors ! Il décide alors d’aller voir son inspectrice, à Bercy, et lui dit : « Moi je reste, je suis bien dans mon service. » Comme il veut jouer au con, elle le mute dans les pires coins, jusqu’au Groenland, pour protéger les chercheurs d'une base scientifique contre les attaques d'ours blanc…Vous avez choisi d’adapter le film italien « Quo Vado », qui avait connu un immense succès en 2016…J’ai trouvé ce film formidable, extrêmement bien construit dans sa trame, que j’ai gardée. Mais entre l’Italie de 2016 et la France de 2022, il y a un écart, une manière d’aborder l’humour qui est différente. On écrit toujours dans un contexte et il fallait en tenir compte lorsque j’ai adapté le film. Qu’avez-vous apporté dans votre adaptation ?Comme dans la version italienne, on part toujours du déclassement, ce sentiment terrible qu’éprouvent des millions de personnes qui se retrouvent perdus dans leur quotidien. Et puis, j’ai glissé des petites choses d’actualité comme la mixité, la famille recomposée, les enjeux écologiques, le mouvement « Me Too », les migrants, mais sans donner de leçons. Le public n’a pas besoin des artistes pour penser, il est suffisamment mature et intelligent. En revanche, ma patte, c’est d’essayer de faire marrer les spectateurs et par petites touches, de les faire réfléchir. Si j’y arrive, mon challenge est rempli. C’est toujours compliqué, mais sur ce film, le public rit beaucoup.Quelles ont été vos inspirations en tant que réalisateur ?On a voulu faire un véritable spectacle, car aujourd’hui, avec la télévision, internet, la VOD, les plateformes, le public a quasiment tout à la maison. Il faut donc mettre la barre très haut pour le faire venir au cinéma. Je me suis donc inspiré des grands films spectacles de Philippe de Broca ou de Francis Weber, comme « La Chèvre » ou « Le Jaguar » et beaucoup de spectateurs ont fait le parallèle avec ces grands réalisateurs, ça m’a beaucoup touché.C’est votre deuxième réalisation, comment appréciez-vous ce travail ?Je dis souvent que j’ai l’impression d’être un petit garçon ou une petite fille devant sa maison de poupées ou son garage. Je dispose mes jouets comme je le veux, je crée la vie et ça devient presque réel. Ça me fascine. À terme, j’aimerais mettre en scène des copains et pourquoi pas n’être plus que derrière la caméra.Comment expliquez-vous que le cinéma français, et notamment la comédie, se porte toujours bien ?Sans être trop chauvin, on est un des rares pays d’Europe à avoir un cinéma national qui fonctionne encore aussi bien, malgré la crise, et une comédie qui fonctionne. On a une palette qui va de Philippe Lacheau à Olivier Nakache et Éric Toledano, en passant par Olivier Baroux, Dany Boon, des comédies plus sociales façon Louis-Julien Petit… Il y a une véritable diversité, un panel de comédies assez extraordinaire, qui explique son succès.Est-ce que l’animation de la cérémonie des César, en 2017, a changé votre carrière ?Totalement. J’avais déjà fait quelques sketches et remis un César lors de précédentes éditions, mais en 2017, ç'a été un petit tournant. Il y avait eu aussi ce fou rire, à la cérémonie des Oscars (la même année), qui a beaucoup tourné sur internet. Ce n’est pas énorme, mais les gens vous voient différemment. Ils peuvent connaître juste votre nom, mais là, ils vous voient, vous entendent et ça devient concret à leurs yeux.Que connaissez-vous de la Marne ?Je sais que Châlons et Épernay sont deux très belles villes de spectacles. Quand on lance là-bas un one-man-show, c’est un très bon marqueur, car le public a un juste retour de votre boulot. Et je suis un fou de champagne, donc je ne suis pas mal à l’aise !Propos recueillis par Simon Ksiazenicki« Irréductible », jeudi 3 février, à 20 h, au cinéma Le Palace d’Épernay et au cinéma CGR de Châlons, en présence du réalisateur Jérôme Commandeur.L'Hebdo du Vendredihttp://static.lhebdoduvendredi.com/images/logo_lhebdoduvendredi_20170827.png
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