Une corde dans une forêt. On la tire, mais ça ne vient pas. Forcément, on se demande où elle mène et ce qu'il y a au bout. Une idée toute simple avec un résultat saisissant, effrayant, oppressant et qui fait surgir des questions profondes sur notre humanité et ce qui l'anime. C'est la trame principale de "La corde", une série imaginée par Dominique Rocher, avec Jean-Marc Barr, Jeanne Balibar, Suzanne Clément et Tom Mercier notamment.

L'idée est venue d'un roman allemand dont l'intrigue se situait au milieu des paysans au XIXe siècle, "Das Seil" de Stefan aus dem Siepen. Dans le roman, les hommes partent suivre la corde pendant que les femmes restent au village pour s'occuper de la moisson. De ce roman, le réalisateur Dominique Rocher garde l'idée de cette corde mystérieuse pour en faire une mini-série plus moderne, en trois épisodes. "Au début, je suis arrivé avec l'idée de faire un téléfilm, au fur et à mesure de l'écriture, c'est l'histoire que l'on racontait qui nous a menés à ce format", explique à la RTS . "La corde" est une coproduction franco-belge Arte, Les Films de l’Instant et Versus Production.

Une quête du savoir

Les scientifiques sont ici réunis dans un lieu isolé en Norvège, un lieu qui participe à l'ambiance de la mini-série. "On s'est vite rendu compte qu'il y avait des échos très intéressants entre la quête de ces personnages qui suivent une corde sans fin et la quête de scientifiques qui observent l'univers et son infini. Il y a des questions qui résonnent et on a commencé à se demander si on ne pouvait pas faire résonner les deux histoires", poursuit Dominique Rocher.

Le réalisateur en fait donc une intrigue scientifique, une quête absolue de savoir. Dans "La corde", les scientifiques élaborent une théorie des "Répéteurs" qui permettrait de capter certaines ondes venues de l’espace et de cartographier les recoins les plus sombres de l'univers. La série joue avec les limites de la folie, quand la curiosité vire à l'obsession, jusqu'à la folie meurtrière.

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Horreur mélancolique

Dans la série, la corde est un personnage à part entière. "Dans la manière de filmer, mon parti pris est un parti pris plutôt minimaliste qui consiste à essayer d'utiliser la caméra et le montage que quand c'est extrêmement nécessaire et servir une forme d'horreur fantastique qui m'intéresse, que Jean-Marc Barr qualifie d'horreur mélancolique", explique le réalisateur.

La corde est une métaphore de la vie que l'on suit parce qu'on ne peut pas faire autrement quand pourtant on sait que cela va mal finir. Difficile d'en parler sans divulguer trop de l'intrigue. Mais c'est peut-être une manière pour Dominique Rocher d'alerter sur les excès de notre société: "C'est même le point de départ du projet: ce sentiment que l'on est lancé dans une machine, comme le train qui traverse les villes dans 'La bête humaine' d'Emile Zola. Ce sentiment que tout le monde ressent aujourd'hui, on avait envie de le traiter. C'est absolument le sujet pour nous: est-ce qu'on est capable de se remettre en question après avoir engagé tant d'efforts?".

Du conte, de l'horreur, du thriller métaphysique, le mélange des genres est en tout cas assumés par Dominique Rocher dans "La corde".

Propos recueillis par Anne-Laure Gannac

Adaptation web: Lara Donnet

^{La série en trois parties est disponible sur arte.tv et diffusée sur la chaîne le 27 janvier à 20h55.}