Spider-Man : Far From Home est dans une position délicate. Entre passé et futur, Phase 3 et Phase 4, Spider-Man : Homecoming et Avengers : Endgame, suite et épilogue… Pour la seconde fois, Jon Watts a la lourde tâche de porter sur ses épaules un film de transition. Un de plus. Ce grand écart permanent a des avantages. Mais aussi des inconvénients, acceptables dans Spider-Man : Homecoming, un peu moins dans Spider-Man : Far From Home. Malgré toute la souplesse de Peter Parker, Watts est dans l’impossibilité de prendre ses aises et peine à concilier une première partie lycéenne gentillette et une seconde partie super-héroïque épique. Moins équilibrée que le premier opus, cette suite se révèle néanmoins plus intéressante dans son propos et plus généreuse en terme d’action, au point que tout le monde devrait y trouver son compte.

Bien évidemment, la grande attraction du film se nomme Mysterio. Du charisme au costume, le Quentin Beck de Jake Gyllenhaal a tout pour plaire et le titre de Maître des Illusions n’est clairement pas usurpé. Rarement un – héros ou vilain ? à vous de le découvrir ! – n’aura été aussi bien développé dès sa première apparition. Certains argueront que les twists qui lévitent autour de Beck sont assez prévisibles. Ce n’est pas faux… mais est-ce vraiment important ? Par le biais de ce personnage, Spider-Man : Far From Home déroule tout un discours sur les apparences, les médias et le divertissement. On pense à Iron Man 3. Et surtout à Marvel Studios dans son ensemble, géant de l’entertainment qui dévore tout sur son passage. Difficile de dégager une morale au milieu des explosions. Peut-être qu’il n’y en a pas. Peut-être que Kevin Feige a conscience qu’il suffit d’un seul faux pas pour devenir le super-vilain d’Hollywood. Ultime clin d’œil méta, ce panneau « Nous avons hâte de vous montrer ce qui arrive ensuite. » caché en arrière-plan de la scène finale. Dans un monde où les illusions sont reines jusqu’à la dernière seconde, tout est vain… sauf l’assurance que le spectateur reviendra pour le prochain épisode.

Autre force du film, les personnages secondaires, à commencer par Nick Fury. Après l’agent du S.H.I.E.L.D. déconneur de Captain Marvel, Samuel L. Jackson conclut son grand chelem super-héroïque en jouant une version de son personnage plus proche des comics. Il est bon de rappeler de temps en temps que les encapés sont des outils entre ses mains. Pas des amis ! Le duo Happy Hogan/Tante May tire également son épingle du jeu, avec un Jon Favreau qui s’impose doucement comme le nouveau Phil Coulson de l’Univers Cinématographique Marvel. En tant que réalisateur d’Iron Man, présent depuis le tout début, il fait la glu entre les différentes phases et les différents univers. Et comme dans Avengers : Endgame, quelques mots lui suffisent pour créer une étincelle d’émotion. Reste le cas Michelle Jones. Comme Peter Parker, on aime l’humour noir et les punchlines de cette adolescente sarcastique. Seulement, il serait temps de donner un rôle plus consistant à Zendaya ! Mais que voulez-vous, malgré ses millions de followers, elle ne fait pas partie de l’entourage des Avengers ou de Tony Stark…

Spider-Man – Far From Home : La Critique du film + VOTRE AVIS !

Et Spider-Man dans tout ça ? Si Tom Holland compose un Peter Parker toujours aussi sympathique et touchant, fort bien dirigé et mis en valeur par Jon Watts, difficile d’être aussi enthousiaste en ce qui concerne son alter ego masqué. Le road trip européen limite forcément les possibilités de voltiges étourdissantes et le fameux costume noir ne vaut pas les bons vieux classiques. Derrière ces détails, le principal souci reste l’ombre écrasante de Tony Stark. La question de l’héritage d’Iron Man est légitime, mais la chose est tellement appuyée que cela finit par ressembler à une formule magique invoquée par Sony Pictures, comme si le Vengeur Blindé était le sésame permettant d’ouvrir les portes du box office. Il est temps pour Spider-Man d’exister par lui-même ! Bien sûr, ce sera sans doute le cas dans le prochain opus… mais cela commence à faire long. La dépendance de cette pentalogie à la technologie Stark Industries fait que l’on parle plus de satellites, de drones et d’imprimantes 3D que de toiles, d’oncles et d’araignées. Il y a comme un problème.

Si vous êtes allergiques aux teen movies super-héroïques, sachez que vous allez sans doute souffrir pendant la première partie de Spider-Man : Far From Home, qui est dans la droite ligne du premier opus. Autant être prévenu ! Il faut dire que l’effet de surprise n’est plus là. C’est aussi fun que léger, à l’image des conséquences de la Décimation, abordées mais trop vite survolées. (A ce propos, une menace en rapport direct avec les conséquences du ‘snap’ sonnait comme une évidence, plutôt que de nous resservir le schéma narratif du [Vautour].) Heureusement, la seconde partie du film est d’un tout autre niveau, bien supérieure au troisième acte de Spider-Man : Homecoming. On retrouve la destruction lambda des productions Marvel Studios… avec de superbes séquences visuelles à l’esthétique comics qui maintiennent en éveil jusqu’au bout.

Film de référence pour Peter Parker, Spider-Man : Far From Home n’est pas encore le blockbuster arachnéen ultime de l’Univers Cinématographique Marvel. Notre héros n’a que 16 ans. La volonté d’une montée en puissance minutieusement contrôlée – marque de fabrique des trilogies Marvel Studios – est manifeste, Peter étant cloué au sol par une opposition entre deux univers radicalement différent. Miroir inversé, cette suite a le mérite de convaincre sur de nombreux points qui décevaient dans Spider-Man : Homecoming. Quant à l’avenir… L’effet wow de la première scène post-générique nous fait compter les jours avant le troisième opus. (On regrettera juste que ladite scène ne soit pas placée à la fin du film, afin d’en faire un moment culte plutôt qu’un bonus.) Ils sont forts, les bougres !

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Spider-Man : Far From Home est réalisé par Jon Watts et sort en France le 3 juillet 2019, avec Tom Holland (Peter Parker/Spider-Man), Marisa Tomei (Tante May), Jacob Batalon (Ned), Zendaya (Michelle), Jake Gyllenhaal (Quentin Beck/Mysterio), Numan Acar (Dimitri), Samuel L. Jackson (Nick Fury), Cobie Smulders (Maria Hill) et J.B. Smoove (M. Dell).

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