TV MAGAZINE. - Vous présentez en compagnie d’Aurélie Casse «Polonews en campagne», à 20 heures sur BFMTV. Est-ce une énième émission de débats?Natacha POLONY. - J’ai une vision du débat qui consiste à y introduire en permanence du temps long, des références, et des sujets de fond. J’essaye de faire en sorte que ces caractéristiques prévalent toujours. On a de temps en temps des débats qui sont véritablement des échanges sur des sujets complexes, que la question du pouvoir d’achat, ou la situation en Ukraine. Et puis, on a aussi du commentaire d’actualité. Maintenant que la campagne a commencé, notre travail consiste à expliquer ce qui est en train de se passer. Que se cache-t-il derrière la phrase de tel ou tel candidat? On cherche à donner des éléments aux téléspectateurs pour qu’ils puissent se faire leur propre opinion sur le fond, et pas seulement sur la forme.

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Vous êtes également présidente de l’Institut du goût. Quelle est la saveur de cette campagne?Elle est insipide, inodore, incolore et un peu pâteuse car les politiques jouent le coup d’après. C’est-à-dire que les débats n’ont pas lieu... D’où la complexité de faire des émissions de qualité où l’on ne commente pas simplement l’écume, mais où l’on introduit un petit peu de pensées et de réflexion de fond. C’est tout un travail, une lutte permanente contre cette espèce délitement du débat politique.

Dans «Polonews en campagne», vous avez déclaré ce mercredi 26 janvier que vous aimeriez vous exiler dans une autre époque. Laquelle choisiriez-vous?Je ne sais pas, car je n’imagine pas que les autres époques étaient mieux. C’était une boutade. Mais c’est vrai que tous les jours, on a une alerte sur la dernière stupidité en date. Je pense par exemple aux M&M’s. Ils vont changer aux États-Unis afin que les personnages soient plus inclusifs parce qu’ils étaient trop féminisés. Ça me donne envie de me flinguer quand je vois ça (Rires). Ce genre d’information me fait dire que notre époque a quand même une capacité à augmenter le taux de conneries au mètre carré qui est fascinante.

Comment expliquez-vous cette tendance?Les réseaux sociaux jouent un rôle là-dedans. Ils amplifient évidemment les réactions idiotes et les emballements. Mais il y a aussi l’importation d’une culture puritaine américaine que je trouve absolument affligeante. Cette forme de puritanisme réduit le monde à un conflit entre des dominants et des dominés. Sachant que les dominants, ce sont toujours les mêmes: le mâle blanc hétérosexuel, qui est vraiment une raclure putride. C’est le degré zéro de la pensée.

Natacha Polony: «Le gauchisme culturel répandu dans les médias est très inquiétant»

Votre travail consiste aussi à donner votre opinion… Où vous situez-vous sur l’échiquier politique? Je pense que je suis assez difficile à positionner. Les gens de droite ou d’extrême droite considèrent que je suis une infâme gauchiste. Et les gens de gauche ou d’extrême gauche, pour certains, considèrent que je suis évidemment une cryptofasciste. Je pense que c’est assez rassurant, car j’assume d’être engagée, à la tête du journal Marianne, qui est non pas seulement un magazine d’opinion, mais d’engagement.

Cyril Hanouna reçoit Jean-Luc Mélenchon dans «Face à Baba», ce jeudi soir sur C8. Cet animateur est-il crédible dans le débat politique?Aujourd’hui, je comprends parfaitement pourquoi des candidats à une élection présidentielle éprouvent le besoin d’aller chez Cyril Hanouna. C’est logique: il y a un public, une façon de toucher des gens qui ne votent pas forcément, et que les inscrits dans la course à l’Élysée ne peuvent pas atteindre autrement. Donc ils y ont intérêt. Si ça peut réellement faire en sorte que des citoyens qui ne suivent pas les débats politiques aient quelques idées sur des choix cruciaux, ça passe par là.

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Le syndicat national des journalistes de Radio France a épinglé une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux de France Inter. Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, répond face caméra à des questions sur ses premières fois, comme sa première manifestation, mais aussi son premier chat. Trouvez-vous cette indignation justifiée?Ce qui me gêne, c’est que ce soit une indignation à géométrie variable. En quoi est-ce plus choquant avec Marine Le Pen qu’avec d’autres candidats à la présidentielle, si ce n’est parce qu’on considère, qu’elle incarnerait un mal moral? Dans ces cas-là, il faut expliquer qu’on estime qu’il y a un devoir moral des journalistes, qui seraient donc des directeurs de conscience et des curés. Ce n’est pas ma vision des choses.

Pensez-vous que cette polémique n’aurait pas eu lieu si Anne Hidalgo avait participé à cette vidéo? Bien entendu! Tout le monde aurait trouvé ça sans doute consternant, mais personne n’aurait dit que ce n’était pas bien.

Vous êtes restée trois saisons dans le talk-show «On n’est pas couché», animé par Laurent Ruquier sur France 2. Quels souvenirs gardez-vous de cette période, et êtes-vous toujours en contact avec l’animateur?C’est un grand timide et moi aussi. Donc on n’a pas vraiment gardé de lien. Je travaillais avec lui, c’était très plaisant. C’est quelqu’un qui est profondément respectueux des gens. Donc ça se passait très bien. Mais nous n’avons pas de lien d’amitié. Peut-être parce que je n’ai jamais osé et lui non plus. Après, je ne sais pas si je suis idéologiquement sa tasse de thé. Mais ce n’est pas grave, car ça ne nous empêche pas de travailler ensemble dans le respect.

Trouvez-vous que Laurent Ruquier oriente trop à gauche son émission «On est en direct», chaque samedi soir, sur France 2?Il m’est arrivé très souvent de me retrouver sur un plateau où on était huit. J’étais la seule à défendre une idée contre tous les autres. Il y a en effet une forme de gauchisme culturel qui est très répandu dans les médias, dans le monde artistique, et qui est coupé des classes populaires. C’est extrêmement inquiétant.

Vous êtes la directrice de la rédaction de Marianne. Et cette semaine, la société des rédacteurs est montée au créneau au sujet de Caroline Fourest, chroniqueuse dans ce magazine. Dans un communiqué, les journalistes ont dénoncé ses attaques à l’encontre du rédacteur en chef adjoint Gabriel Libert. Caroline Forest a-t-elle votre soutien?L’histoire est complexe. Caroline Forest est collaboratrice régulière, elle n’est pas salariée, et elle est aussi membre du conseil de surveillance du groupe CMI auquel appartient Marianne. Cette polémique repose sur un débat journalistique de fond, sur une enquête, que j’ai choisie de faire paraître. C’est une enquête de notre journaliste Gabriel Libert. Caroline Fourest va, je pense, prendre ses responsabilités sur ce qu’elle pense de Marianne. Elle a sans doute des conclusions à en tirer. Ces choses-là sont en train de se décider. Je précise que j’ai eu la liberté de faire publier cette enquête, alors même que Caroline Fourest contestait ce qui était écrit, et qui était le fruit d’un travail de long terme. Le groupe CMI m’a dit: «C’est ta responsabilité, tu le fais en ton âme et conscience et l’actionnaire n’a pas à s’immiscer là-dedans». C’est ce qui s’est passé. Après, que ça plaise ou pas à Caroline Fourest, c’est un autre débat.

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