Les commerçants qui ont vu leurs échoppes démolies parce que construites illégalement au bord des axes principaux, cherchent désespérément où mettre leurs marchandises. Ils espéraient aller se réfugier au marché central mais les propriétaires des stands les louent à des prix exorbitants.
Sur papier, tous les stands et échoppes sont tous occupés et exploités par leurs propriétaires. Mais une petite enquête suffit pour découvrir que les soi-disant propriétaires ne sont ni des commerçants ni des négociants.
Ce sont des dignitaires, autorités et autres fonctionnaires qui n’ont rien à voir avec le commerce qui fait vivre des milliers de personnes dans la ville de Gitega.
Pour louer une échoppe de 3 mètres carrés, il faut débourser une fortune chaque mois. Certains commerçants interrogés parlent de vol du bien public. « Les commerçants sont desservis au profit des dignitaires et nombreux sont ceux qui ont plus de deux places dans ce marché et les exploitent comme leurs domaines privés ».
Pour louer, confie Jean-Marie, un commerçant depuis dix ans au marché central de Gitega, les prix des stands varient de 50 mille à 100 mille BIF. « Toutes les places situées sur les transversales ou les dorsales coûtent cher et ce n’est pas n’importe qui qui peut y travailler », déplore-t-il.
D’après lui, il faut avoir des connaissances pour avoir une place. Il indique que tout le monde sait qu’il y a des magouilles. « Nous avons essayé de dénoncer ces pratiques mais personne n’a voulu nous écouter ».
Quand quelqu’un veut se lancer dans le commerce et cherche un stand, raconte Ildephonse, vendeur dans ce marché de Gitega, il faut un commissionnaire pour établir le contact avec le propriétaire du stand. « Il faut sengager à payer les taxes en utilisant son nom, respecter les clauses du contrat et l’affaire est conclue et quand quelqu’un veut acheter un stand, il faut pouvoir garantir l’anonymat et c’est plus ou moins 10 millions de francs burundais à débourser ».
Un autre commerçant révèle qu’il n’y a même pas de document officiel. Il affirme avoir payé une somme de 15 millions pour avoir son stand. Il reconnaît n’avoir pas changé le nom du premier propriétaire.
« Personne nest venue jusquici se plaindre ! »
A part les anciens commerçants habitués à ces manoeuvres, les nouveaux venus sont sur les nerfs. D’après ces derniers, il est inconcevable qu’un groupe de gens gère le marché comme leur bien personnel. « Il est difficile de comprendre comment quelqu’un dispose de 5 stands dans un seul marché parce qu’il est député ou je ne sais quoi. Cest du vol organisé. Il faut que les choses changent».
Selon ces commerçants, il faut que le marché revienne à ceux qui exercent ce métier. Ils en appellent à un recensement général des commerçants oeuvrant dans ce lieu. « Il faut connaître les vrais détenteurs des stands. Il y en a qui ne paient ni taxe ni impôt ».
Contactées, les autorités du marché central de Gitega n’ont pas voulu confirmer ou infirmer les propos de ces commerçants. D’après ces autorités, comme personne n’est jamais venu se plaindre, il sera difficile de trouver une solution.
« Je ne peux pas répondre à ce genre de questions, notre travail consiste à vérifier que les taxes sont collectées convenablement. Si nous constatons que l’ordre et la propreté sont respectés et que personne ne se plaint, nous nous disons que tout va bien », a déclaré le commissaire principal du marché.
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