Selon Ari Bensimon, CEO de Wiztivi, la télé a de beaux jours devant elle. À condition de quelques adaptations sur lesquelles la startup nantaise a jeté son dévolu. Selon un classement réalisé en 2017 par le magazine spécialisé Streaming media, Wiztivi serait l'une des 101 entreprises mondiales qui doivent « illuminer » l'industrie de la vidéo en ligne en 2018. Un joli palmarès pour la startup nantaise fondée en 2007 à Carquefou, près de Nantes, reprise deux ans plus tard par SFR, dont le chiffre d'affaires croit de 30% par an depuis 2014.
En 2017, sur un marché disputé par les groupes Accedo, Nagra, Cisco... l'entreprise réalisait un chiffre d'affaires de 9,8 millions d'euros et dégageait un résultat net de 1,7 millions d'euros, en croissance de 50%. Le secret de cette illumination ? « Nous sommes les seuls exclusivement concentrés sur cette technologie et nous assurons en interne, à la fois le design et le développement », explique le CEO de Wiztivi, qui s'est développé à partir de deux interfaces.
L'une sur étagère, le Timeless, une solution standardisée pour box, tablettes et mobiles où l'on peut incruster des logos et certaines spécificités. L'autre "sur mesure", baptisée Wiztiviframework, permet de s'adapter aux requêtes plus poussées des opérateurs et des chaines de télévision, dont les contenus augmentent sans cesse (guide des programmes, vidéos à la demande, replay, catalogue...).
--
["On ne veut pas uniquement des développeurs mais amener de la diversité dans les équipes, de nouvelles cultures avec des gens qui ont su se remettre en cause pour aller vers d'autres chemins. C'est un état d'esprit qui nous intéresse", explique Ari Bensimon, CEO de Wiztivi.]
--
Venue sur le marché de la télé connectée il y a dix ans, avec le développement d'applis pour les opérateurs TV, Wiztivi a, faute d'audiences suffisantes, très vite pivoté pour aller vers la conception et le développement d'interfaces et d'expériences utilisateurs (UI et UEX) pour des acteurs historiques du web ou des médias comme Dailymotion ou NRJ. L'entreprise a depuis convaincu MyTF1, M6 Web, Viacom international, Orange, SFR, RMC Sport, l'opérateur turc Digiturk, le polonais Polsat, Liberty Global aux Pays-bas, Altice aux État-Unis, Télécentro en Amérique du Sud ou le britannique Vodafone qui déploie la solution "WiztiviFramework" à travers ses filiales dans le monde, notamment en Italie, en Grèce, en Espagne, en Roumanie...
En novembre 2017, l'américain Altice lançait sa nouvelle box Altice One, dont l'interface utilisateur est designée par Wiztivi. « Une nouveauté aux USA habitués jusque-là à d'autres systèmes », souligne Ari Bensimon. Indécelable pour les non-initiés, la solution a été projetée sous les feux de la rampe à l'occasion d'une campagne de publicité portée par Ronaldo, diffusée lors du Super Bowl, la célèbre finale de la NFL (National Football League).
À eux seuls, les marchés internationaux représentent 50% du chiffre d'affaires. « Tous les opérateurs sont à la recherche d'expériences utilisateurs innovantes », indique Ari Bensimon de retour du salon des professionnels de l'audiovisuel IBC show à Amsterdam où la startup présentait une interface répondant à la voix, via Alexa (Amazon) ou Ok Google. « C'est la tendance du marché. Les télécommandes vont finir par disparaître », dit-il, à l'instar de Samsung qui, dès 2012, lançait une télé sans télécommande, pilotable à la voix, mais dont la compréhension laissait à désirer...
En 2016, déjà, l'acquisition d'une société finlandaise, spécialisée dans le jeu à la demande, a permis a Wiztivi d'enrichir son offre avec 300 jeux. Celle-ci emploie une vingtaine de personnes à Helsinki et génère 20% à 25% du chiffre d'affaires.
Grâce à la mise au point d'un code compatible pouvant être développé avec tous les systèmes (IOS, Android, Box, Playstation...), la solution de Wiztivi permettrait de faire gagner un temps précieux aux opérateurs lors de lancement (de box) ou pour les opérations de maintenance. Mais à cinq à dix ans, le véritable défi concerne la multiplication des écrans, la nature et la quantité des informations à ingurgiter.
Pour cela, il s'est rapproché de l'École centrale de Nantes en vue de mener un programme de recherche et des constructeurs automobiles pour participer à des études prospectives. Inventive technologiquement, la startup dont l'effectif est monté à 140 personnes, doit aussi être créative pour faire face à la pénurie de main d'œuvre. Pour cela, elle a élaboré un scénario et un casting originaux. Avec le concours de l'École centrale de Nantes et de Pôle emploi, elle a monté un programme de formation de trois mois destiné à des demandeurs d'emploi en cours de reconversion professionnelle. Objectif : former dix personnes issues de tous horizons pour renforcer les équipes de développeurs, d'ingénieurs et commerciales et plus largement, son pôle de R&D nantais.
« Certains sont boulangers, d'autres viennent de l'hôtellerie, de la chimie... », explique Ari Bensimon.
« Plus largement, c'est trente personnes que nous cherchons à recruter d'ici à la fin de l'année pour accompagner notre croissance », ajoute-t-il.
___
Par Frédéric Thual,correspondant pour La Tribune dans les Pays de la Loire
7 mn
Partager :
DIRECT. Assassinat de Razia Askari à Besançon : "Pas de culpabilité, ni de remords, manque d'empathie", le profil de Rashid Askari, accusé de l'assassinat de sa femme, disséqué
[Vidéo] The Amazing Spider-Man 2 : la bande-annonce ultime
Nantes. Il avait agressé un chauffeur de tram : condamné à 6 mois, il évite la prison
Test du Samsung AU9000 | TechRadar