Fin 2017 les 350 caméras de vidéo surveillance du dispositif toulousain seront installées. Mais pour le moment les chiffres de la délinquance de voie publique restent stables.

Avec 229 caméras installées dans les rues sur un total de 350 programmées pour la fin 2017, deux tiers du programme de vidéosurveillance de la ville de Toulouse est déjà réalisé. Mais pour dresser le bilan de l'efficacité du dispositif, il faudra attendre. «Ce ne sera que dans les deux dernières années du mandat (2019-2020), que les effets se feront sentir sur la voie publique», précise prudent Olivier Arsac. D'ici la, l'adjoint en charge de la sécurité au Capitole patiente en mesurant les effets induits du dispositif qu'il a quasiment porté sur les fonts baptismaux. Et la première certitude c'est que les caméras vidéo financées par la ville ont été d'emblée adoptées par la police nationale. Depuis les six premières caméras installées à Arnaud Bernard à l'été 2014, les réquisitions d'images vidéo dans le cadre d'enquêtes de police sont passées de 73 à 385. Pour les enquêteurs la vidéosurveillance est devenue un outil d'investigation efficace lorsqu'il s'agit de suivre un délinquant de rue en rue au fil de ses passages devant les caméras.

En contrepartie, la collaboration entre police municipale et nationale n'a jamais été aussi étroite. En 2016 le PC Vidéo de la ville a saisi 2 257 fois les services de police après avoir repéré un comportement suspect su la voie publique. 296 signalements de vente de stupéfiants, 205 vendeurs à la sauvette, 150 rixes, 142 tagueurs ou passants indélicats surpris par l'objectif en pleine mixtion sur un coin de trottoir, et 447 regroupements plus ou moins suspects de SDF ont été signalés au PC du boulevard de l'Embouchure. «Nous signalons, ensuite la police nationale intervient si elle le juge nécessaire où si elle dispose des moyens nécessaires pour le faire. Ce n'est pas un outil miraculeux, mais ça permet d'intensifier les opérations à chaud», précise Olivier Arsac qui annonce à titre d'exemple une moyenne de deux agressions à caractère sexuel filmé chaque mois dans les rues, ou la découverte en décembre 2016 d'un jeune fugueur de 13 ans retrouvé en pleine nuit rue Alsace.

Mais, au-delà de la délinquance de voie publique, les 35 opérateurs installés dans le nouveau PC de Saint Cyprien sont également témoins en temps réel des pépins de santé ou des coups de folie des Toulousains. En janvier 2016, un homme victime d'un malaise cardiaque sur le secteur Victor Hugo a ainsi été rapidement pris en charge après avoir été signalé par les opérateurs vidéo. En mai un c'est un désespéré qui s'est jeté du pont Neuf devant l'objectif des caméras. L'heure des comptes n'a pas encore sonné. Mais pour Olivier Arsac l'essentiel est atteint : «avec six caméras pour 10 000 habitants Toulouse dispose désormais du même taux d'équipement que Montpellier ou Lyon.»

Bientôt des «Vidéo PV»

À partir du mois de février, les automobilistes qui se gareront sur une zone piétonne ou un «espace partagé» du centre-ville situé devant l'objectif d'une caméra seront verbalisés directement depuis le PC vidéo du quartier Saint-Cyprien par un opérateur assermenté. Techniquement, ce lui-ci constatera une première fois l'infraction puis attendra qu'elle soit caractérisée, avant d'appuyer sur le bouton qui déclenchera la rédaction et l'envoie du PV. Il attendra le temps réglementaire de trois minutes pour verbaliser le propriétaire d'un véhicule garé sur une zone piétonne, et 20 minutes pour un stationnement sur un espace livraison. Ce dispositif invisible ne sera mis en place qu'à l'intérieur des boulevards qui définissent le cœur historique de Toulouse.

Dans le cadre du droit à l'image, la loi prévoit que toute personne filmée à son insu par une caméra de vidéosurveillance peut consulter son image sur simple demande écrite au maire de la ville. Mais les délais sont stricts. Car la consultation ne pourra avoir lieu que dans la période d'un mois au cours de laquelle les vidéos sont conservées. La personne qui souhaite consulter ces images ne sera autorisée à le faire que si elle figure seule sur le document.