Fruit de longues tractations, l'arrivée d'un couple de pandas au zoo de Beauval en 2012 a donné au parc du Loir-et-Cher une dimension européenne. Un investissement coûteux... et rentabilisé?
Quelle image aurait-on des pandas si l'un d'eux avait terrassé le président de la République d'un coup de patte? Alors chef d'Etat en exercice dans les années 1970, Valéry Giscard d'Estaing avait voulu "montrer le courage d'un président" en entrant dans la cage de Yen Yen, un des deux premiers pandas arrivés au Zoo de Vincennes. "Dans la seconde, un panda m'a sauté dessus. Heureusement il y avait un gardien qui a attrapé le panda et je me suis échappé", racontait-il en 2013.
Ouf, la République est sauve et le panda reste, dans l'imaginaire, cette boule de poils placide adoré des foules. La preuve: depuis la mort de Yen Yen en 2000, la France n'avait plus aucun panda à montrer au public.
Chose réparée en 2012 lorsque le zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher, accueille triomphalement Yuan Zi et Huan Huan. La première a donné naissance à un petit en 2018 et désormais à des jumeaux, nés ce dimanche soir. Aucun de ces animaux n'appartient au zoo ou à la France. Les adultes sont prêtés pour dix ans à la Chine et les petits sont destinés à repartir dans une réserve naturelle chinoise, où l'animal dispose d'une aura quasi-sacrée.
Au-delà de la préservation de l'espèce, le panda est une arme diplomatique bien connue, utilisée notamment par la Chine maoïste pour attendrir les relations avec les pays en froid. Les pandas du zoo de Washington sont ainsi arrivés aux Etats-Unis en 1972, juste après la visite historique de Richard Nixon en Chine communiste.
La population de panda se réduisant au fur et à mesure des cadeaux honorifiques, la Chine est passé à un système de prêts pour dix ans. En réalité, un panda se monnaye cher. Hors Chine, seule une vingtaine de pays ont la chance d'accueillir ces plantigrades.
Pour Beauval, c'est la consécration. "Nous sommes passés en 40 ans de 40.000 visiteurs à 1,6 million de visiteurs. De 3 salariés à 900", se félicitait sur BFM Business, début 2020, le patron Rodolphe Delord. Créé comme un modeste parc ornithologique par sa mère en 1980, le zoo s'est agrandi et accueille depuis toujours plus d'animaux.
Les pandas, c'est une autre paire de manche. L'opacité règne généralement sur les contrats avec Pékin. Au-delà des tractations politiques débutées en 2006, c'est un investissement conséquent pour le zoo, supervisé de près par l'Association chinoise des jardins zoologiques, notamment pour l'aménagement des cages. Les investissements se comptent en millions d'euros, sans compter les campagnes de marketing pour attirer les foules.
Quant à la "location" des pandas, elle coûte environ 800.000 euros par an. A cela, il faut ajouter les frais de nourriture de plusieurs dizaines de milliers d'euros chaque année. Bien que carnivore, le panda mange principalement du bambou, pauvre en nutriments. L'animal doit donc en manger… beaucoup. 60.000 euros de bambous par an. Pour un zoo, le panda est de loin l'animal le plus cher à entretenir.
Des sommes folles que certains zoos ont eu du mal à digérer. En Australie, le zoo d'Adélaïde s'est criblé de dettes pour accueillir ses pandas tandis que certains zoos américains ont longtemps tiré la langue face aux exigences financières et au manque de rentabilité. Au zoo d'Edimbourg, il est même question de renvoyer les pandas en Chine l'année prochaine après une année financière difficile liée à la crise du Covid-19.
A Beauval, le couple pandas a pourtant été le moteur d'un chiffre d'affaires qui n'a cessé de gonfler pour atteindre les 64 millions d'euros annuels avant la crise.
Et si un panda est synonyme d'affluence, l'enjeu est surtout de maintenir l'intérêt du public. Pour cela, rien de mieux que des bébés d'autant que l'animal est réputé pour avoir une libido aussi paisible que lui. La nouvelle naissance a d'ailleurs été permise grâce à une insémination. Un petit miracle biologique qui entraîne généralement pour les zoos une nouvelle redevance à la Chine…
Pour le parc animalier de Beauval, les pandas restent un élément majeur de son succès et l'enjeu est désormais de garder un peu plus longtemps les deux hôtes, censés repartir en Chine l'année prochaine. Le parc zoologique de Washington a obtenu l'année dernière une rallonge de trois ans contre une rente annuelle de 500.000 dollars. De son côté, Emmanuel Macron a déjà évoqué ce sujet avec son homologue chinois pour le parc de Beauval.
Car si les coûts sont énormes, voir partir ses pandas sera forcément un coup dur pour l'image du parc. Seule consolation, ce retour à la maison permet de venir gonfler le contingent en liberté. Depuis 2016, le panda n'est plus considéré comme une espèce "en danger" mais comme "vulnérable".
Thomas Leroy Journaliste BFM Business
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