Un dimanche de grisaille dans la banlieue nord de Paris. Devant une vieille gare de triage désaffectée, une foule se bouscule malgré la pandémie et les « gestes barrière ». Cent cinquante hommes au moins, la plupart très jeunes. Masque chirurgical sur le nez, bonnet jusqu’aux yeux, ils attendent dans le froid que la porte coulisse sur son rail… Ça y est, le panneau de métal s’écarte dans un grincement. Déjà les premiers types se précipitent, fébriles, comme pour le coup d’envoi des soldes. Les plus pressés balancent leur manteau et ouvrent directement leur braguette. Au milieu du hangar de ciment, une petite blonde à peine majeure attend à genoux sur le sol, toute nue, la tête basculée en arrière et la bouche en offrande.
— Vas-y, tire bien la langue, montre-leur que t’en veux ! lui ordonne un grand type chauve aux lunettes teintées de bleu.
Deux caméras filment la scène tandis que le flot des impatients arrive. La petite blonde est instantanément cernée par des dizaines de pénis, petits et gros, dressés ou moins vaillants…
— On ne pousse pas ! ordonne le chauve aux lunettes bleues, dont les rides au cou trahissent la cinquantaine bien entamée. Et toi là-bas, dégage, t’es dans le champ ! Les autres, vous pouvez commencer. Allez-y, crachez ! Aspergez-la, cette chienne !
L’orgie commence. Ecœurante. Une « fellation » après l’autre. Une giclée de sperme après l’autre. En quelques minutes, la fille se retrouve les cheveux collés, les yeux collés. Autour d’elle ça grogne d’aise, ça rigole. Certains lui frappent le visage avec leur sexe. Et la séance va durer plus de trois heures.
Ce qu’on tourne aujourd’hui, dans l’ancienne gare abandonnée, c’est une vidéo pour le site internet French Bukkake, un des leaders français du « porno crade ». Pascal OP, le chauve aux lunettes bleues, en est le patron et le metteur en scène. Réputé – selon ses propres amis – pour être « un enculé de première », il a fait sa spécialité de ces « performances » monstrueuses, où une seule gamine est souillée par des dizaines de pervers. Ces hommes, Pascal OP les recrute dans les cités, en leur proposant un petit coup facile – et gratuit. On se bouscule pour en être.
— Merci, Pascal, t’es l’abbé Pierre du cul ! entend-on crier dans le hangar.
Comment une jeune fille peut-elle accepter une telle dégradation ? Uniquement pour l’argent, vraiment ? Ce mystère, longtemps ignoré, on en possède désormais l’explication. On sait comment la plateforme, depuis le départ, recrute ses filles… Et on est loin, très loin, du gentil contrat professionnel « entre adultes libres et consentants ».
C’est début 2020, en plein confinement, que les enquêteurs du groupe « cyber » de la SR de Paris décident de se pencher sur la question. A l’époque, ils connaissent déjà le site French Bukkake – fort de 280 000 visiteurs mensuels – et ses vidéos abjectes. Indéfendable sur le plan moral, la plateforme est toutefois légale. Elle paie ses impôts et n’a jamais fait parler d’elle dans les tribunaux… Une seule fois, une fille a porté plainte après un tournage, expliquant qu’on ne l’avait pas prévenue de ce qui l’attendait, mais comme elle avait signé un contrat, la juge a conclu à un simple « litige commercial » ! Seulement voilà, ce qui froisse les gendarmes en ce début d’année, c’est la nouvelle formule d’abonnement du site. Pour 29,90 euros par mois, les membres peuvent désormais accéder à toutes les vidéos, mais aussi participer aux tournages ! En clair, échanger de l’argent contre du sexe. En France, cela s’appelle de la prostitution.
Dans un premier temps, quatre jeunes femmes acceptent de répondre aux questions des enquêteurs. Aurore, Linda, Saïda et Nanou – les prénoms ont été changés – ont le même âge, 20 ans à peine. Autre point commun : lorsqu’elles ont été happées dans l’engrenage, elles étaient en grande détresse, l’une dépassée par son découvert bancaire, l’autre presque à la rue… Pour les quatre, cela a commencé de la même façon : sur Facebook.
— Une certaine Axelle m’a contactée, racontent-elles d’une même voix.
Axelle, à en croire son profil en ligne, serait une belle femme dans la trentaine. Au départ, elle joue les bonnes copines et discute avec les filles, de tout, de rien, des choses de la vie – surtout de ce qui ne va pas.
— Tu es en galère de fric ? Ton mec t’a larguée ? Tu sais, j’ai perdu ma mère moi aussi…
Cette phase d’approche peut durer des mois. Puis, de fil en aiguille, de confidences en petits conseils, Axelle abat son jeu.
— Si t’as vraiment besoin d’argent, j’ai un plan à te proposer : escort de luxe pour des clients haut de gamme. Bien sûr, il faut coucher, mais tu vas dans des beaux hôtels, les types sont gentils… Et tu peux te faire jusqu’à 3 000 balles dans la soirée !
Aurore, Linda, Saïda et Nanou mordent toutes les quatre à l’hameçon. Et toutes les quatre se retrouvent un soir à Reims, dans un hôtel pas si beau que ça, où un certain Julien, pas si « gentil » que ça, les balance sur le lit et les retourne dans tous les sens. Julien, on l’a compris, n’est que le vrai visage d’Axelle. Côté pile, un bon père de famille, éducateur spécialisé dans une association pour handicapés – ça ne s’invente pas ! –, côté face, un escroc répugnant. Il est surtout un bon copain de Pascal OP. Son rabatteur aussi. Et il excelle dans le rôle.
Après cette première nuit entre ses mains lubriques, les filles repartent déboussolées. Et leur « 3 000 balles », quand est-ce qu’elles les touchent ? C’est alors qu’Axelle, redevenue la bonne copine d’internet, les contacte à nouveau.
— Il y a eu un problème, dit-elle. Le client est parti sans payer…
Mais ce n’est pas grave, elle a un plan de secours ! Un petit tournage à Paris, juste l’affaire d’une scène. Il suffit d’ouvrir les cuisses à un beau mec, d’attendre que ça passe, et hop, 1 200 euros ! Ça vaut le coup, non ?
C’est ainsi que prises dans la spirale, et pensant avoir déjà fait « le pas le plus difficile », les jeunes femmes trop naïves se retrouvent escortées par un« chevalier servant ». Il est chauve et porte des lunettes teintées de bleu. Pascal OP entre en scène.
Il embarque ses proies dans sa camionnette et les amène chez lui, dans son appartement de la résidence du Soleil levant, à Carrières-sur-Seine. Il s’agit d’un vaste logement au dernier étage d’un immeuble, avec caméras, réflecteurs et tout le matériel nécessaire pour tourner. Il y a aussi trois énormes chiens, des dogues argentins, prêts à bouffer le premier mollet, pour calmer toute velléité de rébellion… Les filles sont à peine arrivées qu’on sonne à la porte. Un premier gars arrive. Puis on sonne encore. Un deuxième déboule, puis il en survient trois, quatre, cinq !
Pascal OP tend alors un contrat aux filles.
— Inutile de le lire, assure-t-il, c’est du verbiage, tout le monde s’en fout ! Le truc à retenir, c’est que la vidéo sera diffusée sur un site payant canadien. Personne ne la verra en France, jamais !
Coincées, impressionnées, dupées, les malheureuses se laissent avoir. Et c’est parti… Dans les minutes qui suivent, les voilà nues, à quatre pattes, un homme en dessous, un autre derrière, un troisième devant. Il n’y a plus de questions, plus de récriminations qui tiennent. Les sexes défilent dans leur bouche, on les sodomise, tandis que la focale saisit engros plan tous les détails. Personne n’utilise de préservatif.
— Les MST, ici, ça n’existe pas ! assure le grand chauve.
Lui-même n’hésite pas à participer aux ébats si la « vedette » du jour est à son goût.
— Je me suis sentie utilisée, violée, raconte Aurore. J’avais envie de mourir…
Au bout de plusieurs heures, quand le tournage s’achève, les filles sont en larmes. Pascal OP, royal, leur tend alors les billets si chèrement gagnés. Et le compte est loin d’y être.
— Ah mais si, affirme-t-il, on avait dit 400 euros ! Comment ça, 1 200 ? Tu as mal entendu, ma petite ! Attends… Tu en veux encore ? Dans ce cas, c’est pas compliqué, on se refait un petit tournage demain ! Ce sera cool, tu vas voir !
Voilà comment Aurore, Linda, Saïda et Nanou finissent par se retrouver l’une dans un hangar, l’autre dans un sous-sol lugubre, livrées à des dizaines de mâles en rut. Dépossédées de leur corps en même temps que de leur dignité.
— J’étais venue pour l’argent, reconnaît Linda, et j’avais l’impression que je ne pouvais plus dire non. Pendant tout le temps que ça a duré, j’ai pensé très fort au moment où ça allait se terminer, mais ça m’a paru une éternité !
— J’étais dans une maison perdue au milieu de nulle part, raconte pour sa part Aurore. On m’a fait boire de la vodka, avec une sorte de poudre dedans. Je ne pouvais plus partir, ni aller où que ce soit. Alors je me suis dit : j’arrête de réfléchir. Et je me suis déconnectée de mon corps…
Le plus terrible, paradoxalement, vient après. Lorsque les filles découvrent que ces vidéos humiliantes, dégradantes, ne sont nullement destinées au Canada. Toutes vont être diffusées en France, et à très grande échelle ! Saïda, d’origine musulmane, va être reconnue par son quartier et répudiée par sa famille. Linda va manquer de se faire caillasser. Aurore va être suivie dans la rue, insultée. Quant à Nanou, traumatisée, elle est désormais incapable de faire l’amour.
— Aujourd’hui, le sexe me dégoûte, souffle-t-elle.
Au terme de l’enquête de la SR de Paris, cinquante-deux victimes ont été identifiées et trente ont accepté de porter plainte. Le site French Bukkake est à présent fermé. Pascal OP, de son vrai nom Pascal Ollitrault, a été mis en examen pour « viol, proxénétisme aggravé et traite d’êtres humains aggravée », en même temps que trois de ses acolytes… Le roi du porno crade ne voit pas, paraît-il, ce qu’on a à lui reprocher. Son ami Joe, un artisan d’une quarantaine d’années – qui comptait parmi ses « étalons » les plus réguliers –, semble en revanche avoir pris conscience que non, on ne peut pas tout faire dans le porno.
— Quand je regarde les vidéos avec le recul, je vois bien que les filles sont gênées et qu’elles n’ont pas envie, s’excuse-t-il, piteux. Sur une, la fille me supplie d’arrêter et je lui enfonce mon sexe dans la bouche… Maintenant qu’on m’a expliqué la notion de consentement, je suis bien forcé de l’admettre. C’est un viol. Je n’ai aucune excuse.
Il reviendra maintenant à la justice de le confirmer en droit. Pour Aurore, Linda, Saïda et Nanou, le traumatisme risque fort d’être indélébile. Pascal OP, lui, va devoir régler une facture qui s’annonce salée. « L’abbé Pierre du cul », comme le surnommaient certaines petites frappes, ne sera regretté que dans certains coins de banlieue…
Une enquête de Sophie Noachovitch
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