Désormais, la surveillance du sommeil est accessible à tous grâce à la domotique. Pour un suivi quotidien, il suffit d’installer une application sur son smartphone, de porter un bracelet intelligent ou une montre connectée. Mais des chercheurs estiment que ces dispositifs restent encore trop peu fiables. Pire encore, certains aggraveraient les risques d’insomnie.


Domotique : le marché du bien-être mise sur nos nuits

Les objets connectés destinés à nous aider à mieux dormir sont de plus en plus nombreux, mais sont-ils réellement efficaces ? La démocratisation de la domotique en étant encore à ses débuts, il est parfois difficile de faire la différence entre les gadgets et les équipements utiles. Les exemples de sorties récentes ou à venir sont nombreux.

Des entreprises comme Withings, spécialisées dans l’e-santé, proposent par exemple un capteur de sommeil connecté à placer sous le matelas, alors que de son côté Philips prépare la sortie de sa ceinture intelligente SmartSleep afin d’améliorer la qualité du sommeil de l’utilisateur. Dans le même temps, l’entreprise Moona a commercialisé un oreiller connecté pour les troubles du sommeil et la recherche planche sur un pyjama connecté avec les mêmes ambitions.

Mais à ce jour, les objets intelligents les plus populaires dédiés à nos nuits sont les traqueurs de sommeil, à savoir les applications sur smartphones, mais aussi les montres et bracelets connectés que l’on utilise au quotidien pour un suivi santé général. Ces produits disposent souvent de fonctionnalités spécifiques au sommeil et, lorsqu’ils sont posés à côté de nous ou portés au poignet, identifient et analysent les cycles de sommeil automatiquement. Le problème est qu’encore aujourd’hui les procédés de vérification des bienfaits réels de ces objets à des fins thérapeutiques sont encore quasi inexistants.

Récemment, des chercheurs ont déclaré que ces wearables – les objets connectés que l’on porte –, mais aussi tous les traqueurs types applications sur smartphone seraient potentiellement mauvais pour notre sommeil. Paradoxalement, certains d’entre eux favoriseraient les insomnies. L’étude a été relayée par le New York Times en juin 2019.

Les traqueurs de sommeil nous empêchent-ils de dormir ?

Comme l’explique la Dre Kelly Baron, qui a participé à la réalisation de l’étude sur le sujet, dans le New York Times, les traqueurs peuvent aussi être un bon moyen d’identifier des troubles du sommeil chez une personne. Et bien dormir est important, puisque l’on sait qu’un bon sommeil permet d’éviter de tomber malade et que l’insomnie a été liée à des risques de mort prématurée, d’AVC, de diabète, de dépression et d’anxiété, rappelle le journal.

Traqueurs de sommeil : quelles conséquences sur notre santé ?

Les bracelets et les montres connectés sont désormais largement populaires. Il en existe à des gammes de prix très variées, et même pour les enfants, à l’instar du Fitbit Ace 2. Certaines personnes font un usage d’abord positif de ces équipements, avec l’envie d’améliorer leur qualité de vie, et de fait, celle de leurs nuits et des moments de repos.

Pour autant, les applications qui permettent de se coacher au quotidien donnent à l’utilisateur des buts à atteindre, qui peuvent pour certains tourner à l’obsession. Le sommeil devient alors un défi quotidien transformant n’importe qui en potentiels orthosomniaques, c’est à dire des personnes qui sont obnubilées par la qualité de leur sommeil à un tel point qu’elles cherchent toutes les méthodes possibles pour aller en ce sens. Et avec les objets connectés, cela peut avoir des conséquences à l’opposé du but désiré, et provoquer des insomnies à cause de l’anxiété et du stress provoqué par ces procédés de suivi. Concrètement, une personne qui devient obsédée par son score de sommeil vivra très mal le fait d’avoir 7h59 indiqué sur son application sur les 8h visées.

Cette pathologie, l’orthosomnie, a été identifiée il y a deux ans par des médecins américains. En 2017, une étude avait ainsi été publiée par le Rush Medical College et le Northwestern University Feinberg School of Medicine sur le sujet.

Les estimations des applications, des bracelets et des montres connectés s’appuient bien souvent sur le plusieurs types de données : mouvements, rythme cardiaque, respiration, etc. Tout dépend de la marque et de la solution de suivi. Et ces données sont loin d’être totalement fiables, voire dans certains cas sont carrément erronées. Chez l’adulte, une nuit de sommeil idéale doit se situer dans une durée de sept à neuf heures. Cela varie en fonction de la personne. En attendant une technologie plus précise, le mieux reste peut-être encore de regarder son réveil et d’écouter son corps. Si l’on se sent réellement reposé au matin, alors le but semble être atteint.

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