Depuis son investiture, le président Evariste Ndayishimiye s’insurge en public contre certains dossiers entachés de corruption comme le barrage de Mpanda. Il avait donné un délai de 15 jours aux services concernés pour entamer un audit et établir les responsabilités. Depuis, silence radio. Pour plusieurs observateurs, sa colère ne dure que le temps d’une rosée.

Par Fabrice Manirakiza et Rénovat Ndabashinze

« Nous sommes pour le moment dans un Etat de droit, nous nous sommes engagés à combattre les voleurs et les corrompus. Primo, nous n’allons pas abandonner le projet. Secundo, le montant empoché par un groupe de gens doit revenir. Je recommande au ministre de l’Energie et des Mines de tout faire en deux semaines pour préciser les pertes et par conséquent établir les responsabilités de chaque intervenant dans le projet. » Ce sont les propos prononcés par le président de la République, très en colère, lors de sa visite, vendredi 15 octobre dernier au désormais célèbre barrage de Mpanda en commune Musigati de la province de Bubanza.

Depuis cette déclaration-choc, rien ne filtre. Le président Ndayishimiye a-t-il reçu le rapport ? Difficile à savoir. Si oui, quelles sont les conclusions ? Les responsabilités ont-elles été dégagées ? Dans l’opinion, plusieurs interrogations après la « colère » du numéro Un burundais devant les micros et les caméras. Interrogée, la cheffe de bureau chargée de l’information, de la communication et porte-parole du président de la République, Evelyne Butoyi, n’a pas souhaité répondre.

Des barrages fantômes

Pour rappel, le projet de construction du barrage de Mpanda a englouti environ 54 milliards BIF. En visitant ce « barrage », le président Ndayishimiye est monté au créneau. Il a trouvé des maisons dans un piteux état. Des fissures sur tous les murs. Certaines maisons sont sur le point de s’écrouler. Les bordures des maisons sont complètement détruites. Des portes endommagées. « C’est une honte. Et moi aussi en tant que président, je suis sidéré de constater que 54 milliards ont été décaissés sans résultats tangibles. C’est vraiment une honte. » Les travaux de ce projet avaient débuté en 2011 et ont été stoppés en 2017. Ils étaient exécutés par le groupement d’entreprises chinoises CNME-CGC.

Un autre projet qui a suscité des remous est la construction du barrage d’irrigation de Kajeke en commune et province Bubanza. Le 3 juin 2021, le chef de l’Etat a fait une descente sur le site. Il a constaté que les travaux de construction n’ont pas été effectués comme il le fallait. Il a alors décidé de mettre en place une commission d’experts avec mission d’évaluer ces travaux. Dans la foulée, il a assuré que les coupables seront « traduits devant la justice. » Cinq mois après, où en sont les enquêtes ? Question à 13 milliards de BIF.

Le barrage de Kajeke a été étudié au Conseil des ministres du 3 juillet 2019. Selon le compte-rendu, ce projet d’aménagement est constitué d’un barrage, d’un canal d’adduction d’eau et d’un périmètre irrigué. Après sa construction, il était censé irriguer 1013 hectares en première phase pour atteindre par la suite 2813 hectares. « Suite aux malfaçons des réalisations observées sur terrain et des irrégularités qui ont caractérisé la réalisation de ce projet, les ministères de l’Environnement et de l’Agriculture ont commandité une étude d’évaluation des travaux exécutés. » Les résultats de l’évaluation ont montré que le barrage construit doit être complètement détruit et qu’il faut réaliser un nouveau barrage conforme aux normes et conditions requises pour la réalisation des barrages.

Quant au canal d’adduction, l’étude conclut qu’il a été mal conçu et que les travaux réalisés sont de très mauvaise qualité. « Les malfaçons ne peuvent pas être réparées, ce qui impose la décision de l’abandonner en totalité et de réaliser une nouvelle adduction pour qu’elle puisse répondre à l’objectif du projet visant l’irrigation de 2813 hectares. »

Concernant le périmètre irrigué, le constat a été que les travaux réalisés à l’intérieur du périmètre nécessitent la reprise de certaines composantes notamment le revêtement de canaux et l’achèvement des travaux non réalisés.

Trois dossiers d’appel d’offres distincts ont été élaborés pour la construction du nouveau barrage de Kajeke, la réalisation du canal d’adduction et de l’aménagement du périmètre à irriguer. « Après échange et débat, le Conseil a encouragé le ministre à poursuivre le projet et a demandé que ceux qui sont impliqués dans l’échec du premier projet soient traduits devant la justice, et que même pour ceux qui ne seraient pas au pays, des mandats d’arrêt internationaux soient lancés. »

Une anecdote. Au mois de février 2021, le Burundi a reçu une aide du Japon constituée de riz. Il s’agit de plus de 5.716,08 T d’une valeur de 450 millions de yens soit l’équivalent de 7 milliards BIF. Le gouvernement burundais a annoncé par la suite que ce riz sera vendu pour que le montant obtenu puisse servir à sauver le barrage de Kajeke…

Ce projet a englouti plus de 13 milliards de BIF. Trois entreprises de construction, ETAMCO, BTCE et BETUCO-PACIFIC avaient gagné ce marché. Devant les sénateurs le 28 mars 2018, Déo-Guide Rurema, ministre de l’Agriculture, a déclaré : « Les entreprises n’avaient pas les capacités techniques et financières requises pour exécuter les travaux. » Des questionnements fusent de partout. « Comment ont-elles eu le marché ? Est-ce qu’après tout ce temps, il n’y avait pas de contrôle ? Je trouve qu’il y a beaucoup de pistes à creuser pour connaître la vérité », relève un observateur de la politique burundaise.

Humilié, puis promu

Le président Ndayishimiye a frappé un grand coup, le 29 juin 2021, en limogeant devant les caméras le directeur général de l’Office des Transports en Commun (Otraco), Albert Maniratunga pour « non-respect des instructions qu’il lui avait données relatives à l’octroi des documents de Contrôle technique par les agences de Gitega, Ngozi et Bururi de l’Otraco » C’était lors de sa visite à l’agence Otraco de Gitega. « Dès aujourd’hui, le DG de l’Otraco et les représentants de la société Global Society Technical ne sont plus autorisés d’entrer dans les bureaux de l’Otraco. Que le DG de la Police s’occupe de la mise en application de ces mesures. » Et d’ajouter : « Quand quelqu’un se comporte en escroc et qu’il ment, c’est outrageant, difficile à comprendre. Nous n’allons plus accepter ce genre d’escroquerie, de menteurs éhontés alors que l’Etat est en train de perdre au su et au vu de tout le monde », a conclu le président de la République.

Da la foulée, la société Global Society Technical, qui avait gagné le marché en rapport avec la confection des documents attestant le ’’Contrôle technique’’, a été suspendue. Le chef de l’Etat lui reproche de n’avoir pas respecté le contrat stipulant que 6 mois après le lancement du « projet de modernisation des services de contrôle technique et octroi des permis de transport », l’entreprise devrait être à mesure de délivrer le document de contrôle technique biométrique non seulement à partir du siège de l’Otraco situé en Mairie de Bujumbura, mais également à Gitega, Ngozi et Bururi.

30 septembre 2021 : coup de théâtre. Albert Maniratunga est nommé directeur général des transports au ministère du Commerce. Un poste supérieur à celui qu’il occupait avant sa suspension très humiliante devant les caméras. Cette volte-face du numéro Un burundais a surpris. Dans une lettre envoyée au président Ndayishimiye, le 11 octobre dernier, l’Olucome rappelle le cas des cadres de la Regideso, dont le directeur général Siméon Habonimana, qui ont été accusés de corruption par les plus hautes autorités de la République. « Quelques jours après, ledit directeur général a été promu au poste supérieur comme directeur du programme de développement de l’énergie, des mines, des infrastructures et des logements sociaux à la Présidence de la République. »

L’Olucome s’interroge : « Comment se fait-il que des personnes accusées publiquement par le président de la République de corruption, d’escroquerie et d’incompétence se trouvent promues par différents décrets présidentiels dans moins de 4 mois ? » Selon l’Observatoire, pour question d’éthique, de morale et du droit, l’intégrité des services publics a été entachée. « L’Olucome vous écrit dans le strict respect du principe constitutionnel de redevabilité des dirigeants envers sa population et dans le cadre de la promotion de la transparence et de la gouvernance dans la vie publique. »


>>Réactions

Simon Bizimungu : « La parole du président est comme une loi »

« Normalement, quand le président de la République dit quelque chose, publiquement, on s’attend à ce qu’elle soit exécutée, mise en application. La parole du président est comme une loi », commente Simon Bizimungu, secrétaire-général du parti CNL. Pour lui, c’est honteux de voir qu’après plus de deux semaines après l’annonce du président d’une enquête sur le barrage de Mpanda, rien ne filtre.« Il a fait une déclaration publique. Et le peuple attend que le rapport de l’enquête soit public.Sinon, il y a anguille sous hoche. »

Si cela n’est pas le cas, le député Bizimungu craint que dans l’avenir, les gens ne vont plus croire aux paroles du président. « Ils les prendront comme des blagues. » Pour lui, ses conseillers devraient l’aider à ce que ses déclarations soient suivies des actions concrètes.

Revenant sur le cas de l’OTRACO, il dit ne pas comprendre comment une personnalité déclarée incompétente, publiquement, est par après promue. « C’est une contradiction. »M. Bizimungu se rappelle que lors de la précédente législature, des députés sont descendus constater l’état d’avancement des travaux des infrastructures publiques y compris le barrage de Mpanda. Malheureusement, regrette-t-il, le rapport n’a pas été présenté.D’après lui, le parti CNL n’a pas d’espoir que les auteurs des détournements, des malversations des deniers publics seront un jour connus et punis. « Car, les gros dossiers concernent des personnalités importantes qui semblent être au-dessus de la loi.Or, personne ne devrait l’être. »

Abdul Kassim : « Les annonces du Président ne peuvent pas être de vains mots »

« Nous sommes convaincus que le rapport doit avoir été produit et que des responsabilités ont été établies.Les annonces du président de la République ne peuvent pas être de vains mots, mais plutôt une orientation de l’action gouvernementale », réagit Abdul Kassim, président du Parti Upd-Zigamibanga.Pour ce politique, l’argent du contribuable doit servir les intérêts de la République et le peuple exige des comptes aux gestionnaires de cet argent. L’Assemblée nationale en tant qu’institution chargée du contrôle de l’action gouvernementale doit s’impliquer pour que les choses aillent dans le bon chemin. Selon lui, les institutions comme Cour des comptes, Inspection générale de l’Etat, … devraient être vigilants et être l’œil du Chef de l’Etat en tout moment : « Elles doivent agir avant que ce ne soit pas tard. »

Gabriel Banzawitonde : « Que les rapports des enquêtes soient publics ! »

Selon Gabriel Banzawitonde, président du parti APDR, si l’enquête a eu lieu sur le détournement dans la construction du barrage de Mpanda, il faut que le rapport soit rendu public. « Même l’annonce a été faite publiquement. »Idem pour tous les autres cas de corruption, de détournement, … évoqués par le président de la République : « Vu la volonté du président de la République, nous avons l’espoir que l’argent détourné reviendra dans la caisse de l’Etat. »

Insistant sur le cas Mpanda, M. Banzawitonde pense que les concernés ont déjà produit un rapport.Le parti APDR garde espoir qu’un jour, les auteurs de ces détournements seront connus et punis.

M. Banzawitonde félicite le président de la République pour sa volonté de lutter contre la corruption. « Mais, que ça se passe dans la transparence », glisse-t-il.

Kefa Nibizi : « Il y a deux poids deux mesures dans le traitement des dossiers »

D’après Kefa Nibizi, président du Conseil pour la Démocratie et le Développement durable du Burundi (Codebu-Iragi rya Ndadaye), quand le président de la République annonce une enquête sur un tel ou tel autre dossier, ce n’est pas obligatoire que le rapport soit public.« Ce qui signifie qu’il peut avoir été produit ou pas. Là, je ne veux pas faire trop de commentaires ». Seulement, reconnait ce politicien, il y a des institutions ou des commissions telles la brigade anti-corruption, la Cour des comptes, l’Inspection générale de l’Etat qui devraient s’occuper des dossiers de malversations, des détournements des deniers publics.

M. Nibizi indique qu’il y a un problème dans le traitement de ces dossiers. « Dernièrement, à Gitega, il y a des gens qui ont été accusés de faire une fraude du carburant, et très rapidement, ils ont été punis. Pourquoi cette rapidité n’est pas constatée dans ces gros dossiers de détournements ? » Pour lui, même l’Assemblée nationale devrait convoquer ceux qui étaient chargés de la gestion de ces projets de construction de barrages pour s’expliquer.


Gabriel Rufyiri : « A ce rythme, les discours du Président risquent d’être considérés comme des épouvantails»

Barrage de Mpanda, Barrage de Kajeke, Otraco, justice, Onatel, etc, le président Evariste Ndayishimiye est monté au créneau en public contre ces dossiers et a exigé des explications. Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) trouve que c’est dangereux pour l’institution présidentielle si ses injonctions publiques ne sont pas suivies d’actes concrets.

Dernièrement, le président Evariste Ndayishimiye a donné un délai de 15 jours afin de dégager les responsabilités sur le fiasco du barrage de Mpanda. Cinq semaines après, on attend toujours les conclusions. Votre commentaire ?

Ce cas de 54 milliards de BIF est un parmi tant d’autres. Malgré l’ultimatum, l’opinion publique n’a pas encore eu vent d’une démarche déjà entamée. Cela est devenu presque normal mais c’est très dangereux pour le président lui-même, pour les Burundais et pour l’institution présidentielle.

Comment ?

Tenez, lors d’une retraite religieuse à Ngozi, le 23 août 2020, le président de la République a demandé, à part que c’est une exigence constitutionnelle, à tous les mandataires publics de déclarer leur patrimoine avant leur entrée en fonction. Une année après, malgré ce mot d’ordre du président, aucune autorité ne l’a fait. Que ce soit ceux qui étaient au pouvoir ou ceux qui ont accédé au pouvoir. Cela montre à suffisance que nos dirigeants ont un grand problème en matière de respect de la loi et du respect de la parole donnée. Leurs messages sont donnés en public, mais malheureusement, les gens n’osent pas critiquer ouvertement.

Concernant le barrage de Kajeke, le président avait donné deux semaines pour établir les responsabilités. Cinq mois après, rien. Vous vous souvenez quand il s’en est pris publiquement à la procureure de Kayanza, mais elle est toujours là. Souvenez-vous ce qu’il a dit aux dirigeants de la Regideso et de l’Onatel. Ceux qui n’ont pas été promus, ont gardé leurs places.

Quelles sont les conséquences ?

Franchement, on ne sait pas dans quel jeu on se trouve. Nous sommes en train d’assister à un match sans qualificatif. C’est très difficile de comprendre ce qui est en train de se passer La gouvernance au Burundi est en danger. Mais aussi, l’autorité publique est en danger parce que ça serait très difficile de croire aux discours et aux messages des dirigeants. Lorsque le président de la République donne des injonctions en public et qu’aucune action n’est entreprise, c’est l’autorité publique qui est fragilisée. A ce rythme, dans l’avenir, les discours du président risquent d’être considérés comme des épouvantails. Or, le discours du chef de l’Etat doit être respecté. Il doit être comme une loi afin de protéger l’institution présidentielle.

Que doit faire le président de la République pour que ses déclarations aient de l’impact ?

A mon humble avis, le président de la République est animé de bonne foi. Sur ce, il doit se défaire de tous ses lieutenants qui rôdent tout autour de lui et qui le bloquent dans son avancée. Il faut qu’il place à côté de lui des hommes et femmes compétents capables de bien le conseiller. Que ses décisions soient respectées. Coûte que coûte sinon c’est dangereux pour la Nation, car les dossiers sont devenus nombreux. Comme le parlement et les autres institutions sont presque inexistants, il faut qu’il donne le feu vert à la justice, surtout sur ces dossiers de malversations et de corruption, pour traquer ces corrompus. De plus, il faut autoriser les médias, la société civile à dire ce qui ne marche pas. Aujourd’hui, ce n’est pas possible parce que les gens ont peur des représailles.

Que dire des institutions de contrôle et d’investigation ?

Les institutions de contrôle sont nombreuses : l’inspection générale de l’Etat qui dépend directement de la présidence, la Cour des comptes, les commissions parlementaires qui peuvent mener des investigations, l’ombudsman qui peut mener des enquêtes de manière indépendante, la CNIDH, le procureur général de la République, la Brigade spéciale anti-corruption, …Malheureusement, ce sont des épouvantails.

Vous pouvez expliquer davantage ?

Ce n’est pas normal que le chef de l’Etat puisse s’insurger de la sorte et que ces institutions restent les mains croisées, sans rien dire à la population sur ce qui est en train d’être fait. Et pourtant, elles fonctionnent grâce aux impôts et taxes des citoyens. Il faut que ces institutions se réveillent pour faire leur travail, car elles sont en train de voler les pauvres citoyens burundais.

Peut-être que les lois sont lacunaires en matière de lutte contre la corruption ?

Mais si les lois sont lacunaires, le problème ne se trouve pas à ce niveau. Si nos dirigeants avaient le moindre respect de la loi, ils auraient au moins le respect des dispositions existantes par exemple la déclaration de leur patrimoine. Il faut d’abord une mise en application des lois existantes et par après corriger les lacunes. Nous avons des hommes et des femmes qui ne sont pas conscients de leur mission principale : servir la population. Mais tout cela repose sur les épaules du chef de l’Etat. C’est à lui de tout faire pour que ces voleurs de la République soient traduits devant la justice.

Un message pour le président de la République ?

Si le président ne parvient pas à se défaire de tous ces individus qui ne veulent pas que les choses marchent dans le bon chemin, il sera mis dans le même sac que ces corrompus. Il a quand même encore la confiance du peuple burundais. Il faut qu’il en profite. Nous voulons qu’il reste acceptable. Pour que les citoyens continuent d’avoir confiance en lui, il faut qu’il garantisse leurs droits. Actuellement, ce n’est pas le cas. S’il n’y a pas de volonté et de courage, nous allons toujours écouter des discours qui resteront lettre morte, sans aucun effet sur la vie des citoyens burundais et du pays.

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