De bleue à biométrique. En lespace de 50 ans, la carte bancaire sest imposée comme le moyen de paiement préféré des Français pour leurs transactions du quotidien. Lan dernier, plus dun achat sur deux a été réglé par carte bancaire, selon lObservatoire de la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France, avec une montée en puissance du paiement sans contact, dopé par le relèvement à 50 euros de son plafond. Nouvelle étape : quelques banques promeuvent désormais une nouvelle façon de payer en « sans contact » en utilisant une carte biométrique.
La carte biométrique est une alternative au code secret à 4 chiffres pour sécuriser un paiement en magasin. Tout comme le passeport biométrique, la carte bancaire contient lempreinte digitale de son propriétaire. Elle est comparée à chaque transaction avec celle de la personne qui veut se servir de la carte. Si les deux empreintes sont identiques, lachat est accepté. Sinon le paiement est refusé.
Concrètement, la carte bancaire biométrique est équipée dun petit lecteur dempreintes digitales sur lequel le client appose son pouce en même temps quil approche sa carte du boîtier de paiement. Gestuellement, cela ressemble au déverrouillage via la touche fingerprint du smartphone. Dailleurs, ce sont les entreprises du numérique Google et Apple en Occident qui sont à lorigine de la démocratisation de la biométrie comme système dauthentification. Le capteur dempreintes sur la carte est alimenté soit par une petite batterie interne (pour la carte de Thalès proposée par BNP Paribas) soit en utilisant directement lénergie du terminal de paiement (pour la carte de Giesecke+Devrient distribuée par le Crédit Agricole).
Deux banques françaises se sont officiellement positionnées sur la carte bancaire biométrique à l'heure où ces lignes sont écrites. La première à avoir dépassé la phase de test sappelle BNP Paribas. Suite à lexpérimentation grandeur nature débutée à lautomne 2020, la banque confirme à MoneyVox avoir généralisé au premier semestre la commercialisation de sa carte biométrique, « qui est maintenant disponible dans toutes nos agences », assure BNP Paribas. « Tous nos clients pouvant disposer dune carte Visa Premier peuvent commander une carte biométrique, en contactant nos conseillers qui ont été formés pour ce nouveau produit », poursuit la banque.
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Après un pilote de long cours dans trois caisses régionales (Touraine Poitou, Ille-et-Vilaine et Pyrénées Gascogne), le Crédit Agricole sest également décidé à franchir létape de la commercialisation grand public. Le lancement de sa carte biométrique va débuter progressivement à partir de septembre. Car, groupe mutualiste oblige, chaque banque régionale dispose dune certaine liberté pour fixer son catalogue. La moitié des 39 caisses régionales voudraient dores et déjà la proposer à leurs clients.
A notre connaissance, dautres banques françaises travaillent aussi sur la carte biométrique, dont la Société Générale. « La seconde génération de produits nous semble très prometteuse en termes de fonctionnalités, de performances et de tarifs », explique à MoneyVox la banque rouge et noire.
Intuitivement, il est tentant de dire que cette méthode dauthentification va servir à améliorer la sécurisation des transactions. Toutefois, ce nest pas la seule ni la principale raison avancée par les banques distributrices, dans la mesure où la fraude à la carte bancaire est particulièrement rare dans les commerces de proximité. En 2020, 1 euro a été détourné tous les 11 110 euros payés par carte en magasin. Sagissant spécifiquement du paiement sans contact, le taux de fraude est un peu plus élevé mais il reste très faible, avec 1 euro perdu tous les 7 690 euros réglés, et bien en-deçà de la fraude aux distributeurs de billets (1 euro fraudé tous les 3 450 euros retirés) et lors des achats en ligne (1 euro tous les 575 euros payés).
« Lusage de lempreinte est devenu familier avec les smartphones. Cela permet de ne plus devoir entrer son code PIN et de dépasser le plafond réglementaire de 50 euros pour payer en sans contact », nous explique Pierrick Delolme, responsable du compte Crédit Agricole pour la société Giesecke+Devrient qui fabrique et personnalise les cartes de la banque verte. Dans le contexte de la pandémie, BNP Paribas met en avant largument hygiéniste. « La carte biométrique est donc une technologie rassurante à l'heure des gestes barrières et elle apporte encore plus de sérénité et de sécurité à nos clients », complète la communication de BNP Paribas. En revanche, cette technologie a un coût.
Jusqu'à 120 € de prime à l'ouverture grâce à notre comparatif de banques en ligneDaprès une enquête dopinion menée en 2020 au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, au Canada et en Australie, et initiée par lentreprise suédoise Fingerprints spécialisée dans la biométrie digitale, la moitié des 2 000 sondés se disaient prêts à payer 9,5 dollars de plus par an pour une carte biométrique, soit environ 8 euros au cours actuel. Pour lheure, les banques françaises sorientent vers une tarification plus élevée. Chez BNP Paribas, loption biométrie entraine un surcoût de 24 euros par an en plus de la cotisation habituelle de 134 euros de la Visa Premier. A priori, le Crédit Agricole devrait adopter une tarification proche, sachant que, même si lorgane central émet des préconisations de prix, les banques régionales peuvent proposer un tarif différent, à la hausse comme à la baisse.
La carte bancaire biométrique nest pas la seule façon de contourner le plafond du sans contact de 50 euros par transaction. Les applications de paiement mobile, qui nécessitent d'approcher son smartphone du terminal de paiement, le permettent aussi et gratuitement. Comme dans le cas de la carte biométrique, Apple Pay utilise le capteur biométrique (Touch ID ou Face ID) de ses appareils pour identifier le client. Dans le cas de Paylib, compatible avec les téléphones Android, le code daccès à lapplication est demandé pour les paiements en magasin dépassant 50 euros. Samsung Pay, Google Pay, etc., bien dautres applications de paiement avec smartphone existent. Cette alternative gratuite fait donc dire à certains observateurs du marché que la CB biométrique est une « innovation inutile », pour paraphraser le consultant-blogueur Patrice Bernard de Cest pas mon idée.
Mais, dans limmédiat, le paiement via smartphone est encore marginal dans lHexagone. Si seulement 9% des Français ont déjà utilisé le paiement mobile, selon les données rapportées par Statista en mars 2021, ce moyen de règlement est bien plus courant dans dautres pays dEurope. 19% des Belges et 21% des Espagnols lont déjà expérimenté. Cette proportion grimpe à 31% en Pologne. « Le mobile commence à émerger, confirme Pierrick Delolme. Mais les clients ont lhabitude de la carte qui reste un bon format. Historiquement, il y a peu de moyens de paiement qui ont été définitivement remplacés par un autre. Le chèque, les billets de banque, on en produit encore. Le marché tend donc plus vers une multiplication quune unicité des moyens de paiement ».
Oui mais non. Technologiquement, rien nempêche les banques déquiper leurs cartes classiques et à contrôle de solde de lecteur dempreintes digitales. Toutefois, BNP Paribas et Crédit Agricole font le choix de ne proposer cette option que sur certaines cartes premium : la Visa Premier pour BNP Paribas, la Gold Mastercard et la World Elite Mastercard sagissant de la banque verte. « Nous étudions actuellement la possibilité détendre la solution à dautres types de cartes », indique BNP Paribas à la rédaction.
Non. « Les empreintes digitales sont stockées dans un élément sécurisé qui se trouve dans la carte bancaire. Elles nen sortent jamais. Personne na accès aux empreintes », explique Pierrick Delolme. Il en va de même pour la carte de paiement biométrique de Thalès. « Une procédure d'enrôlement, simple mais pour autant rigoureuse, a été mise en place en agence pour que les données biométriques ne sortent jamais de la carte », soulignait en juillet par communiqué Jean-Marie Dragon, responsable des paiements et des cartes chez BNP Paribas.
Si BNP Paribas a fait le choix dun enrôlement en agence, le Crédit Agricole va fournir, en même temps que la carte, un boîtier qui permet aux clients denregistrer leurs empreintes à distance. « Ils insèrent leur carte dans le boîtier et lécran lui indique quelles sont les étapes à suivre. Lobjectif est de présenter 10 fois son empreinte du pouce droit, une dernière fois pour valider que lempreinte a bien été enregistrée. Puis le client fait la même chose avec le pouce gauche, explique Pierrick Delolme qui soccupe de la carte biométrique du Crédit Agricole. Cest un choix technologique qua fait le Crédit Agricole, qui a décidé denregistrer deux empreintes pour des raisons pratiques. Car si pour une quelconque raison, lutilisateur a une empreinte dégradée, il peut utiliser son autre pouce ». De même, le groupe aurait pu aussi passer par une application mobile pour enregistrer les empreintes sur la carte.
Pas tout à fait. La carte biométrique est aussi liée à un code à 4 chiffres qui permet de valider la transaction. « Le contact est une solution de repli lorsque le paiement par empreinte est refusé. Le client insère alors la carte dans le lecteur et entre son code PIN comme une transaction classique », explique Pierrick Delolme. Cela peut arriver en cas de dépassement du nombre autorisé dopérations successives en sans contact « un choix sécuritaire paramétrable par la banque », indique le responsable de Giesecke+Devrient , de dysfonctionnement ou dincompatibilité du terminal de paiement, ce qui est rare. « La carte est basée sur la même configuration que les transactions par mobile qui fonctionnent sur 90-95% des terminaux », assure Pierrick Delolme.
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