Première question fondamentale : où est passé le Groove Sessions vol. 4 ?

Sly : La vraie raison, enfin MA raison, parce qu’il y en a plusieurs, c’est qu’il y a un tel écart entre les Groove Sessions vol. 3 et les Groove Sessions vol. 5, dans la façon de faire le projet, qu’on a sauté le 4. On est dans le "tur-fu", comme on dit dans le jargon !

Ce Groove Sessions vol. 5 arrive donc pour les 15 ans du label Chinese Man Records. D’où les 15 titres sur l’album ?

High Ku : Non, pas du tout ! En plus c’est vrai ! On avait fait 18 titres à la base, et c’est vrai qu’il y en a trois qu’on n’a pas gardés… On est juste arrivé à 15, on s’est longtemps demandé s’il y en avait trop, mais on s’est dit : "Bon, soyons généreux !"

S’il y avait déjà pas mal de featurings sur les précédentes Groove Sessions, là elles sont pour la première fois co-composées avec deux autres groupes...

High Ku : On avait eu l’idée à la fin de Shikantaza (le dernier album studio de Chinese Man, sorti en 2017, ndlr), en sachant qu’il y avait les 15 ans du label et que c’était l’occasion, après un gros projet de notre part, de se concentrer sur un truc qui nous appartenait un petit peu moins, sur lequel on pouvait être vachement plus relâchés. Parce que ce sont certes nos groupes, mais on n’est pas non plus attendus puisqu’il s’agit d’un projet hybride, donc quelque part je pense que cela nous a octroyé pas mal de liberté. On a pris beaucoup de plaisir à apprendre à travailler avec les uns et les autres, à découvrir leur manière de travailler, et pour le coup ça a plutôt additionné les forces. En plus on a été assez efficaces. Après, ça a demandé un énorme boulot de réalisation derrière et aussi de création pour le live – parce que le fait d’être six, c’est un boulot fou. Mais on est pressé de faire le live, maintenant que l’album est sorti… C’est vraiment conçu pour venir compléter l’univers de l’album.

Pourquoi avoir choisi spécifiquement ces deux autres groupes, Baja Frequencia et Scratch Bandits Crew ?

High Ku : Parce que déjà ce sont les groupes qui étaient les plus proches de nous dans le label – ils avaient partagé pas mal de premières parties et autres sur Shikantaza. Ce sont des gens qu’on connaissait tous personnellement, donc on se disait que ça avait plutôt la chance de réussir. Et c’est aussi le fait d’avoir trois DJs, ça se complétait bien dans les profils. Mais je pense que c’est un projet qui peut être amené à grandir et à inclure plus de gens. Après, il faut trouver une bonne organisation pour que la créativité s’exprime, ce qui est un peu paradoxal, mais pour le coup je pense que là on a bien réussi à le faire.

Ça se passe comment du coup, la production de tout un disque à autant de mains ? Vous dites qu’au final vous avez été très efficaces…

Sly : Toute la phase vraiment de création, ça s’est fait en très peu de temps. En 6-10 jours, on va dire, il y avait 80% de l’album qui était posé. On ne savait pas exactement comment commencer, donc on a pris le principe un peu du cadavre exquis… Et la volonté de base c’était d’éclater les groupes, parce qu’il n’y avait pas d’intérêt à ce que Scratch commence un morceau à deux, ou que Baja commence un morceau ensemble, ce qui risquait d’aboutir à la même chose. Donc on a décidé de mélanger les groupes, chacun commençait un morceau avec des samples ou des mélodies qu’on avait choisis ensemble auparavant. On travaillait une demi-journée en binôme sur ces morceaux, dans l’après-midi on passait à un autre binôme, et on a tourné comme ça. C’est un peu comme des lasagnes, chacun rajoutait sa petite couche ! C’était vraiment très ludique comme façon de faire. Puis c’est comme ce que High Ku disait : on n’avait pas de contrainte de style ou de faire un morceau qui sonne exactement comme on a l’habitude de le faire, donc ça offrait une super grande palette.

Ajouté à cela vous avez aussi fait appel à quelques autres artistes en featuring : ASM, Youthstar, Illaman, Taiwan MC qui fait encore une petite apparition... Comment ça s’est passé avec les MCs ?

Chinese Man Records fête ses 15 ans avec une collab de choc

Youthstar : J’ai le souvenir qu’ils nous ont demandé, à moi, Illaman et ASM, d’enregistrer quatre tracks… Ça s’est fait très rapidement. On est arrivé dans l’après-midi, je crois un mercredi, il fallait qu’on écrive les quatre chansons le jour-même et le lendemain à 9 heures du matin on était au studio, en train de les enregistrer ! On a aussi essayé de faire un peu les lasagnes entre rappeurs, c’était… tout chaud ! Et voilà, c’était chan-mé. Il y avait une super bonne ambiance, entre nous tous. C’était des put**** de vibes au studio. Donc ça s’est fait au feeling, mais ça a bien marché !

Sly : On voulait que les MCs soient un peu dans le même état, tendu, que celui qu’on était quand on avait composé. Parce que le risque sur ce genre de projets c’est de tomber dans la surproduction et d’inviter plein de gens, des instrumentistes, etc.. Là on voulait que ce soit quelque chose de spontané, on voulait garder cette fraîcheur. Et on a choisi Youthstar, ASM et Illaman parce qu’on savait que ça collerait sur les instrus, on savait qu’ils pouvaient bosser vite, qu’on n’aurait pas de surprise. Et on voulait capter cette énergie-là, donc oui, en une journée ils ont tout enregistré…

Youthstar : Créé ET enregistré !

Sly : Non, un jour pour écrire, un jour pour enregistrer, ça me semble parfait ! (rires) Même s’il y avait des petites imperfections – il n’y en a pas eu beaucoup – on les a gardées aussi. On voulait vraiment que ce soit sous tension cet enregistrement, oui. Puis malheureusement avec Taiwan MC ça s’est fait à distance, avec CW Jones aussi, pour des questions de planning. Mais ce sont des gens que l’on connaît tellement bien, on n’avait pas peur de ne pas être avec eux pendant l’enregistrement, donc ça s’est fait aussi naturellement.

Et bien sûr, qui dit nouvelles Groove Sessions, et qui plus est anniversaire du label, dit tournée… Qu'est-ce que ça va donner ?

High Ku : On a essayé de vraiment travailler sur le fait d’être six, parce que généralement en musique électronique – et notamment avec les DJs – on va rarement au-delà de quatre, pour que ça tienne encore la route. Donc là on a vraiment essayé de trouver une manière de jouer à six. Et c’est cool parce que, même si les Groove Sessions vol. 5 sont un peu le canevas du live et nous ont donné la trame du live, comme c’était les 15 ans du label et qu’il y avait les trois groupes, on s’est aussi amusé à mixer les morceaux de l’album, avec aussi les classiques du label et de chaque groupe. On ne peut rien révéler pour l’instant, il faudra attendre la première pour voir comment ça se passe, mais si tout marche comme prévu, normalement ça devrait être pas mal.

Après ce Groove Sessions vol. 5, est-ce qu’on peut s’attendre à voir un troisième album studio de Chinese Man apparaître un jour dans les bacs, pour faire suite à Racing with the Sun et Shikantanza ?

Sly : On peut toujours s’y attendre, oui ! Pour l’instant, honnêtement, il n’y a rien dans les tuyaux. Là ça va nous prendre beaucoup de temps ces Groove Sessions, un an voire deux ans pour faire exister vraiment ce projet. Puis avec les années, on fait des rencontres, donc on se dit aussi qu’on peut faire de la musique dans un autre cadre. Il n’y a rien de précis encore, mais on a bossé avec des gens qui font un spectacle de cirque, on a bossé un petit peu pour le cinéma… Donc peut-être que le prochain album de Chinese Man ne sera pas un "vrai" album, mais il y aura un nouveau projet dans les années à venir, oui.

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Retrouvez Chinese Man, Scratch Bandits Crew et Baja Frequencia ensemble sur scène à l'occasion de la tournée des Groove Sessions vol. 5 qui débutera à Marseille ce jeudi 12 mars et passera notamment par L'Élysée Montmartre à Paris, le 4 avril prochain. Et pour patienter, l'album est disponible à l'écoute sur Napster !

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