Mise à jour du 12 octobre 2021 : un peu plus d'un an après ce sondage et l'adoption d'un amendement, une première action en justice n'a pas abouti pour forcer la mise en place d'un système de blocage par les fournisseurs d'accès à Internet. La balle est maintenant dans le camp du CSA qui se voit offrir depuis peu des moyens d'agir. Cet article a été mis à jour pour expliquer cette nouvelle information et les difficultés à la faire appliquer.
Au début du mois de juin 2020 le sénat avait profité de la loi sur les violences conjugales pour ajouter un amendement sur les sites X réservés aux adultes. Le but est de limiter l'accès à ces sites aux mineurs. Si beaucoup sont d'accord sur le principe, les moyens à utiliser font débat.
Pour mettre en place ce type de restrictions plusieurs solutions peuvent être envisagées. Exit le bouton "J'ai plus de 18 ans" à cliquer, place à la vérification par l'état via les sites administratifs, ou encore par le biais des fournisseurs d'accès à Internet ou encore par le biais des sites adultes eux même via la présence d'une carte bancaire. Mais qu'en pensent les français et quels moyens imaginent-ils déjà pour contourner cette obligation ?
Des réponses nous sont apportées par un sondage commandé par le magazine "La Voix du X" et réalisé par l'IFOP le 17 et 18 juin 2020 auprès d'un échantillon représentatif de 1020 personnes majeures. D'entrée la majorité des personnes interrogées, 57%, considèrent que devoir décliner son identité pour accéder à un site pornographique constitue une atteinte à la vie privée et 63% considère que cette interdiction est du ressort des parents avant tout.
Suite à l'adoption de cet amendement, des associations de protection de l'enfance ont tenté de surfer sur la tendance favorable pour tenter de bloquer l'accès aux sites internet les plus en vue comme Pornhub, Mrsexe, Iciporno, Tukif, Xnxx, Xhamster, Xvideos, Youporn et Redtube comme le relaie le site d'information Le Monde. Mais dans l'impossibilité d'identifier clairement les propriétaires des sites internet en question, ce sont les fournisseurs Internet français qui ont été assignés à comparaitre.
Tout comme la majorité des répondants au sondage, la justice n'a pas estimé que cela devrait relever de la responsabilité des opérateurs internet, mais plutôt des éditeurs ou hébergeurs des sites pornographiques en question. Ces derniers, hébergés à l'étranger et camouflés derrière des mentions légales qui ne dévoilent pas leur identité, peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
La situation pourrait toutefois évoluer avec la nouvelle possibilité offerte au CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) de pouvoir demander le blocage des sites après avoir mis en demeure les plateformes spécialisées dans la diffusion de contenus pornographiques.
Notez aussi que le sondage soulève la délicate question des réseaux sociaux en citant Twitter ou Reddit qui, dans certaines rubriques ou certains comptes, diffusent eux aussi du contenu pornographique. Si une telle loi devait s'appliquer aux sites X, 75% des personnes interrogées pensent qu'il faudrait logiquement l'appliquer aussi à ces sites web.
Dans tous les cas, très peu de confiance est accordée aux différentes solutions proposées. Même punition pour ce qui est de la capacité des pouvoirs publics à empêcher réellement les mineurs d'accéder à ces sites. Seuls 17% des français pensent que cela est réalisable.
Si ce chiffre est si bas, c'est que les utilisateurs réguliers ou occasionnels de sites pour adultes ont déjà imaginé des solutions. Conscients qu'il va être difficile de bloquer de façon exhaustive tous les sites proposant du contenu pornographique, le premier réflexe sera de rechercher des sites qui sont passés entre les mailles du filet.
Les plus au courant des pratiques internet comptent quant à eux adopter les même méthodes que les utilisateurs des pays appliquant une censure plus appuyée sur internet en utilisant les VPN ou la modification des DNS. Si un site est bloqué par les fournisseurs d'accès sur ordre du gouvernement, il ne le sera en effet que pour les utilisateurs français se connectant depuis la France.
Les VPN pour "réseaux privés virtuels" permettent justement aux utilisateurs de faire passer leurs communications sur des ordinateurs basés dans d'autres pays. Pour eux l'opération est transparente et l'accès au site est débloqué comme cela peut être le cas pour certains sites, comme ceux permettant d'accéder au replay de chaines étrangères.
Les VPN rendent ainsi toute forme de contrôle d'accès inutile puisque la personne qui se connecte par ce biais n'est pas considéré comme un résident français. Le principe est le même pour le changement des DNS, un système mettant en relation l'internaute avec le site web, si le filtrage est basé à ce niveau chez les fournisseurs d'accès.
Déjà plus de 40% des personnes interrogées sont au courant de cette solution de contournement et comptent l'utiliser pour éviter de dévoiler leur identité pour consulter des sites adultes.
La tâche du gouvernement s'annonce donc rude, tout comme celle de ceux qui seront chargé de mettre en place des restrictions. Il y a deux ans, le Royaume-Uni avait lui aussi tenté de mettre en place un tel système mais avait fini par jeter l'éponge face aux problèmes que la mise en place des solutions pourraient causer au niveau de la vie privée.
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